Rencontre avec Bouba des Joyeux Loufocks (3/6)
Troisième partie (sur 6) de la rencontre avec Bouba « Colorz », breakdancer et fondateur des Joyeux Loufocks. Propos recueillis par Joss. via MSN (et vive les dialogues en mode SMS ^^)
- NEKO : Tu parles de « transmission »… Comment se passe un cours avec Bouba Colorz ? Depuis combien d'année tu enseignes de manière pro ?
- BOUBA : J’enseigne la danse hip-hop depuis 1995. J’apprends à mes élèves les mouvements, et aussi l’histoire qui va avec… c’est un travail très long, mais nécessaire si tu veux comprendre ce que tu fais. Il faut que les jeunes aient des bases solides en danse, à tous les niveaux, si tu veux qu’ils durent… sinon ça sert à rien de danser. L’important c’est pas de briller, c’est de durer.
(pour ceux que ça intéresse, Bouba donne des cours tous les samedi à paris. N'hésitez pas à le contacter !)
- NEKO : cette phrase, on l’entend souvent de la bouche des Loufocks ^^
- BOUBA : Ouais, ils connaissent cette phrase par cœur, et ils l’appliquent à chaque battle ! Les Loufocks ne sont pas là pour gagner, mais pour éduquer… moi-même j’ai plus éduqué que gagné des battles, Mais je peux te dire que éduquer, c’est pas facile !
- NEKO : Est-ce une profession reconnue par le milieu de la danse, en France ?
- BOUBA : De nos jours, l’état Français a soi-disant reconnu la danse hip-hop comme un courant artistique à part entière, mais il y a encore trop de barrières. On n’a aucune subvention pour pratiquer, il n’y a pas de lieu adapté… et l’image du hip-hop n’est malheureusement pas très belle. Il y a encore plein de clichés de merde !
Pourtant, c’est un courant culturel fort, très riche, et parfaitement métissé, avec plein de gens géniaux, passionnés... Il y a des gens qui essayent de briser ces clichés, en montrant la force du mouvement, mais ce sont des initiatives bien trop rares...
- NEKO : certaines personnes pensent que c’est une mode qui finira par disparaitre, t’en penses quoi ?
- BOUBA : c’est comme si tu disais que le rock ou la techno sont une mode, c’est un discours d’ignorant ! Le hip-hop est un courant culturel encré dans la rue, il tire sa force et son authenticité de l’underground, et après plus de 40 ans, depuis ses premiers pas à New York, il est toujours là, plus fort que jamais… Et du hip-hop, tu en as partout dans les médias, ça inspire les nouvelles générations dans la mode, le design, le graphisme, la vidéo, la musique… Alors tu me diras quelle mode dure plus de 40 ans de cette manière, et on en reparle !
("LES RENCONTRES (URBAINES) DE LA VILLETTE" sont l'une des rares manifestations culturelles "officielles" mettant en avant la dans hip-hop, le principe étant de faire découvrir ce formidable mouvement aux visiteurs, le temps d'un week-end...)
- NEKO : parle-nous des Joyeux Loufocks : d’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Pourquoi ce nom ?
- BOUBA : En fait il y a 5 ans, je me suis lancé un pari un peu fou, celui de prendre mes meilleurs élèves, quelque soit l’endroit d’où ils viennent, et d’en faire un groupe.
(Les Joyeux Loufocks à leurs débuts... et déjà NekoWear avec eux !)
L’idée était de les former pour qu’ils soient dans la cour des grands, qu’il représente la France à l’international. Je peux te dire que personne n’y croyait à l’époque ! On m’a carrément craché dessus ! Mes élèves aussi s’en sont pris plein la gueule… les gens du mouvement ne reconnaissaient pas leur talent au début, les gens disaient « ouais ils dansent parce que ce sont les p’tits de Bouba », comme moi je suis un ancien du mouvement et que je connais tout le monde.
- NEKO : Ah ouais, pas terrible l’ambiance… et comment tu as réagi ?
- BOUBA : j’ai pris sur moi. Ça sert à rien de rentrer dans le jeu des mauvaises langues, tu leur donnerais la force de continuer… j’ai donc ignoré toute cette merde, j’ai continué à former mes Loufocks, et on a avancé.
- NEKO : le résultat est-il au rendez-vous ?
- BOUBA : Carrément, le pari est gagné ! Les Joyeux Loufocks, c’est un groupe reconnu à l’international, surtout aux USA pour leur courage et leur mentalité de guerrier ! Ils ont gagné le battle NOMADE en championnat de France, Ils sont arrivés deuxième au COUNTRY Vs CITY de Los Angeles, juste derrière les Américains… Sans compter leur participation tous les ans (depuis 3 ans) PLANET COM FREESTYLE & BATTLE B BOY SUMMIT (Los Angeles), BATTLE EVOLUTION & BATTLE OUTBREAK (Miami)… Et d’ailleurs ils ont gagné le BATTLE OUTBREAK de 2008 !